Comment faire ses premiers 150 kilomètres à vélo ? Par où commencer ?
Parlons peu, parlons bien, parlons d'un sujet qui touche, un jour ou l'autre, tous les cyclistes. Une sorte d’étape fatidique, que l'on franchit, niveau par niveau, comme dans les jeux vidéos. Il ne s’agit pas ici du passage en pédales automatiques, du premier col, de la première fois tout(e) nu(e) sous le cuissard… Mais bien des premiers 100+ kilomètres en une fois !
Une grande étape pour nombre d’entre nous, cyclistes moyens, habitués des 30, 40 et 50 bornes, pour qui rouler à 30km/h de moyenne pendant 5 heures n’est pas d’une ennuyeuse banalité.
C’est en août 2024 que j’ai choisi de franchir cap de Strasbourg à Nancy, pour 150 kilomètres de vélo le long du Canal de la Marne au Rhin. Si vous avez atterri sur cet article, vous êtes surement intéressé(e) par l’expérience, en recherche d’informations et de conseils (ou vous êtes ma maman, peut-être un peu trop fière de son fils, coucou maman !). Je vais TOUT vous dire sur cette expérience, une grande première.
Je vais aussi vous partager mes petites astuces pour créer mon itinéraire, l’équipement que j’avais et celui que j’aurais mieux fait d’avoir, ce que j’ai pris et ce que j’aurais du ne pas oublier. Je vais le faire comme si je m’adressais à mes copains que j’ai initié depuis peu au vélo et qui se lancent seulement, avec des références que je conseille, des petites astuces qu’on ne se transmet normalement qu’à l’oral… C’est parti.
Par où commencer pour les 150 premiers kilomètres ? Quel itinéraire pour commencer la longue distance ?
Au risque de vous surprendre, mon premier conseil ne vous donnera pas de formule magique pour trouver la trace parfaite, le saint Graal que nous convoitons tous.
Selon moi, le bon itinéraire pour les premières sorties de plus de 100 kilomètres est parfait s’il est :
- Excitant. Qu’il comporte un objectif et quelques chouettes spots sur le chemin. C’est l’occasion parfait pour aller voir le joli petit village où on doit aller depuis toujours, aller à la plage, aller chez son tonton à 50 kilomètres qui attend de nos nouvelles depuis 5 mois…
- Riche en ravitaillement. Avec des endroits pour remplir ses bidons quelques fois, une flopée de boulangeries en chemin, des toilettes si possible…
- Sécurisant pour les trouillards comme moi. Genre proche d’une ligne de TER ou de bus qui permet de rentrer à la maison en cas de pépin. Un toit pour passer la nuit avant de rentrer le lendemain, un canapé où reposer ses mollets meurtris quelques heures durant… N’importe quoi qui fera l’affaire.
- Préparé. Voire même conseillé par un proche ou bien noté sur une application de planification en ligne, comme Komoot ou Strava, par exemple. S’il a déjà été parcouru par d’autres cyclistes, c’est plutôt bon signe. Il y a les éclaireurs, et ceux qui lisent des articles pour bien se préparer, je suis personnellement de cette deuxième équipe.
- Adapté à votre pratique. On parle ici de dénivelé positif et négatif par exemple. Les grimpeurs hors pair peuvent se frotter à un petit col sur le chemin, les autres moins. On parle aussi de type de routes : les amateurs de pistes cyclables privilégient les pistes cyclables, les fous de Gravel bien équipés s’écartent parfois des sentiers battus, ceux qui aiment la vitesse peuvent se frotter à quelques routes nationales avec bande cyclable… Là encore, Komoot permet de savoir où mettre les pieds en détail assez précisément.
- Faisable sur le temps imparti (avec une marge d’erreur si possible). Pour ça, Komoot est votre ami : l’outil vous permet de choisir votre niveau de forme parmi plusieurs catégories comme « Intermédiaire », « Sportif » ou « Pro »… Ce qui vous donnera une estimation de votre vitesse moyenne en km/h pour la sortie, et donc, une estimation du temps de pédalage sans pause.
Exemple concret de planification d’itinéraire avec Komoot pour faire ses premiers 100 kilomètres et plus à vélo
- Choisir le point de départ : à 150 kilomètres de chez soi après avoir pris le train, puis rentrer à la maison ? Depuis chez soi pour faire une boucle ? Chez soi direction un endroit où passer la nuit ?
Pour moi, c’était départ de Strasbourg direction Nancy, où mon papa habite en semaine. Avec un retour en train le lendemain. - Rechercher une trace prisée par d’autres cyclistes grâce à Komoot ou même directement sur Google. De mon côté, j’ai tapé « Strasbourg Nancy à vélo » sur Google, et j’ai exploré Komoot à la recherche du meilleur itinéraire. Sur un article de blog, j’ai trouvé qu’il était possible d’emprunter la Via Romea (aussi appelée EuroVélo 5) pendant une bonne partie du chemin.
- Adapter le tracé sur Komoot via le planificateur d’itinéraire : ajouter un point, éviter une grosse montée, contourner une section Gravel ou une grande route, le tout en se fiant aux petits points rouges de Komoot qui représentent les incontournables à vélo ou autre moyen de déplacement… De mon côté, j’ai ajouté un point sur la route pour passer par un incontournable : Le plan incliné d’Irzfeld. J’ai aussi fait en sorte d’éviter la partie gravillonnée de l’EuroVélo 5 en regardant avec précision les indications de Komoot.
- Choisir le bon niveau de forme pour avoir l’estimation la plus juste possible du temps de pédalage. De mon côté, puisqu’il s’agissait de faire des photos pour cet article, de ne pas arriver totalement cramé, et de baisser l’allure par rapport à mes sorties habituelles beaucoup plus courte, j’ai choisi le niveau « Intermédiaire ». Autour de 20 km/h de moyenne sur 155km avec environ 800m de dénivelé positif. Et à la fin, cette estimation était parfaitement pertinente.
- Repérer sur Komoot les villes et villages traversés pour voir sur Google Maps si des magasins et boulangeries sont présents et ouverts. S’il y a éventuellement des boutiques de vélo, ça peut toujours servir. À titre perso, je suis passé par Saverne et Sarrebourg, respectivement aux kilomètres 50 et 75, idéal pour faire une pause déjeuner et recharger les batteries.
- Acheter pour quelques euros la région de départ de la carte Komoot pour pouvoir exporter un fichier .gpx qui permettra de vous guider tout au long de la sortie sur un appareil Garmin, par exemple. De mon côté, j’ai utilisé ma montre Garmin Forerunner 255 comme GPS pour ne pas me perdre. Malgré toutes les précautions, j’ai fait un détour de 6km à cause d’une erreur d’inattention.
Ça y est, vous avez votre itinéraire ! Bravo, vous avez fait le plus dur (je plaisante, tout se passera sur la selle… Mais c’est l’étape la plus importante de la préparation selon moi). Maintenant, il faut se préparer soi-même.
Quel est l’équipement nécessaire pour faire ses premiers 100 kilomètres et plus à vélo ?
Qu’on se le dise tout de suite : il n’y a toujours pas de liste magique pour avaler vos premiers 100 kilomètres ou 150 kilomètres.
Je vais essayer de vous livrer ici une liste aussi exhaustive que possible de tous les INDISPENSABLES.
Quel vélo pour faire ses premiers 100+ kilomètres ? Comment l’équiper ?
De mon côté, c’est un Triban RC 520 Gravel de 2019 équipé de pneus route (Continental Ultra Sport III que je porte très haut dans mon coeur). C’est un vélo acheté à l’époque moins de 1000€, avec seulement une fourche en carbone, et un groupe en Shimano 105. Vous l’aurez compris, pas besoin d’un vélo de compétition, juste d’un vélo sur lequel vous êtes à l’aise, révisé par vos soins du côté des freins et des roues/pneus la veille du grand départ.
Un kit de réparation pour crevaison et une pompe
Ici, je n’irais pas par quatre chemins, c’est impératif !!! Une crevaison malheureuse peut mettre fin au défi d’un souffle court. Vous trouverez des kits tout prêts chez de nombreux équipementiers, directement dans une sacoche de selle. On y trouve des démontes-pneus, une chambre à air, et un multi tool (qui peut aussi servir pour resserrer des éléments, rattacher la chaîne si elle se sépare…)
Un système de guidage
Au-delà d’un simple smartphone, l’achat d’un système de guidage peut s’avérer très utile. Un Garmin Edge, par exemple, ou une montre multi sport, comme la Garmin Forerunner 255 que j’utilise personnellement. L’aspect important, c’est l’autonomie. Un téléphone ne tiendra peut-être pas 8h voire plus avec la fonction GPS activée.
Des sacoches
Moins indispensable, mais pratique pour transporter avec soit de quoi se nourrir, de quoi se changer. J’opte pour ma part pour une sacoche de cadre Midloader de chez Topeak, pouvant contenir jusque’à 3L. J’y stocke des sous-vêtements de rechange, un short, un t-shirt, une casquette, une lumière pour le vélo, un trépied pour mon iPhone, une chambre à air de rechange et un peu de nutrition.
Si j’avais su, j’aurais privilégié un plus grand format pour la sacoche de cadre. Pour pouvoir stocker encore plus de choses. Il faut préciser que ne suis pas un maniaque du poids sur le vélo et que m’alourdir un peu pour plus de confort ne me dérange pas le moins de monde.
Le reste de ma nutrition se trouve dans ma sacoche de cadre Top tube, c’est-à-dire au-dessus du tube horizontal du cadre, à portée de main. C’est une sacoche Riverside (Decathlon) de 1,5 litre. J’y stocke aussi mes papiers, une batterie externe, des bonbons…
Hydratation et nutrition : les conseils d’amis pour 150 kilomètres à vélo
Des bidons remplis d’eau
Passer 8 heures sur son vélo, c’est une épreuve… Le faire sans s’hydrater, c’est impossible ! Deux bidons d’1 litre rechargés aussi souvent que possible, c’est selon moi le minimum. J’ajoute une poudre isotonique dans mes deux premières gourdes pour favoriser une meilleure hydratation et un bon apport énergétique. Là encore, sans extravagance, avec la poudre ISO+ au citron de Decathlon.
Nutrition
Le cycliste brûle beaucoup de calories, alors il est nécessaire de s’alimenter sur le vélo tout au long de l’effort. La Fédération française de Cyclisme donne des recommandations très précises sur son site. De mon côté, je mange environ une pâte de fruit, banane ou autre sucrerie par heure, c’est bon pour retarder la fatigue physique et pour le moral !
Comment s’habiller pour faire plus de 100 kilomètres à vélo ?
IL FAUT PORTER UN BON CUISSARD. C’est à peu près la seule obligation. Il en existe tout un tas, avec de grands écarts de prix. Ici, il faut trouver son modèle, de préférence à bretelle selon moi, c’est beaucoup plus agréable à porter, et on ne lésine pas sur la qualité.
Mes premiers 150 kilomètres : ressentis et derniers conseils
Je vous ai distillé quelques bribes de retour d’expérience tout au long de cet article. Je pourrais résumer les 8 heures passées sur le vélo pour mon expédition de Strasbourg à Nancy en disant que j’ai été fier d’en venir à bout et que, malgré la souffrance des 30 derniers kilomètres, j’ai pris beaucoup de plaisir.
Et si c’était à refaire ? J’aurais évité de ne suivre que la piste cyclable qui longe le Canal de la Marne au Rhin. Le plat rectiligne, ça favorise l’ennui. La fatigue mentale arrive donc assez vite et une fois qu’elle est là, difficile de se convaincre de continuer. Heureusement que j’avais emporté une paire d’écouteurs, que j’ai porté sur une seule oreille pendant les 2 dernières heures, pour occuper un peu ma cervelle engourdie.
Si c’était à refaire, je le ferais aussi probablement avec d’autres cyclistes. J’aurais probablement roulé plus vite, pris encore plus de plaisir et j’aurais moins ressenti l’ennui.
S’il était nécessaire de donner un seul conseil, voilà ce que je dirais à tous ceux qui souhaitent se lancer : GO ! Le plus important en cyclisme, c’est avant tout de prendre du plaisir. Et pas nécessairement de comparer ses stats à celles des autres ! Donc que ce soit pour 100 kilomètres ou 150, l’important, c’est d’essayer, et si possible, en se sécurisant autant que possible avec des plans B et C. Et de KIFFER !
Ah et j’allais oublier, faire des pauses couché dans l’herbe, c’est vraiment le bonheur absolu, alors il ne faut pas hésiter à en abuser. Comme on peut lire dans l’excellente BD « La ride » de Simon Boileau et Florent Pierre : « La sieste après la ride, c’est encore la ride ! »
- Quel est l’équipement nécessaire pour faire ses premiers 100 kilomètres et plus à vélo ?
- Quel vélo pour faire ses premiers 100+ kilomètres ? Comment l’équiper ?
- Un kit de réparation pour crevaison et une pompe
- Un système de guidage
- Des sacoches
- Hydratation et nutrition : les conseils d’amis pour 150 kilomètres à vélo
- Des bidons remplis d’eau
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