Faire du vélo en hiver, l’exemple d’Oulu en Finlande
Oulu, une ville finlandaise située près de la frontière avec la Suède, est un exemple exceptionnel de la pratique du vélo en hiver.
Dans la ville côtière finlandaise d’Oulu (200 000 habitants), même après une tempête de neige et par des températures de -5°C, les cyclistes de tous âges se frayent un chemin dans la neige fraîche. Cette ville, qui se proclame fièrement la capitale mondiale du vélo en hiver, vit sous un manteau neigeux pendant cinq mois de l’année. Pas de quoi freiner la pratique du vélo. Quel est son secret ?
Pédaler sous la neige, oui c’est possible !
À Oulu, on aime le vélo, même quand il fait froid. Malgré des conditions hivernales difficiles, 12% des déplacements hivernaux se font ici à vélo. Dans l’une des plus grandes écoles d’Oulu, plus de 90% des enfants se rendent à l’école à vélo ou à pied, même durant les mois les plus froids. Dans les autres écoles de la ville, le taux moyen d’utilisation de la bicyclette est de 50%, bien au-delà de la moyenne nationale.
Si Oulu est aujourd’hui considérée comme un modèle en matière de cyclisme hivernal, c’est avant tout grâce à une volonté politique et municipale forte depuis les années 1960. La ville a en effet investi très tôt dans un réseau bien pensé et encourage avec réussite le développement du vélo parmi ses habitants, ainsi qu’une meilleure cohabitation entre les différents types de mobilités urbaines.
Développer la pratique du vélo sous la neige : quels équipements et aménagements nécessaires ?
Le vélo est tellement roi à Oulu que la priorité est donnée au déneigement des pistes cyclables avant les routes. L’infrastructure y est ici exceptionnelle. Le réseau cyclable, planifié dès les années 1960, compte plus de 900 km de pistes parfaitement entretenues et relie tous les quartiers de la ville et des régions avoisinantes. Oulu élargit même actuellement ses pistes pour créer de véritables autoroutes pour vélos à l’asphalte rouge.
Lorsque les flocons s’invitent sur la chaussée, les cyclistes roulent souvent sur des parcours enneigés bien éclairés, avec des sous-passages pour plus de sécurité, ainsi que des abris pour stationner les vélos à proximité des commerces et des lieux de travail. Mais comment s’y retrouver lorsque la neige recouvre les marquages au sol ? Là encore Oulu innove comme en témoigne la projection de signaux pour piétons et cyclistes directement sur la neige !
Côté équipement, les habitants d’Oulu s’adaptent aux conditions hivernales. Pour rouler sans danger sur les routes enneigées et glaciales, il ont recours à des pneus cloutés, des garde-boues renforcés, des éclairages puissants ou encore des vêtements isolants.
Les mythes liés au vélo en hiver démystifiés
Il existe encore de nombreuses idées reçues concernant la pratique du vélo en hiver, qui sont bien souvent infondées. Les exemples d’Oulu et d’autres villes scandinaves prouvent que le vélo d’hiver est une réalité tout à fait viable. Parmi les mythes les plus courants :
- Il fait trop froid pour rouler : comme mentionné précédemment, dans la ville d’Oulu, environ 20% des déplacements pendant la saison froide sont réalisés à vélo ;
- Seuls les sportifs peuvent s’adonner au vélo en hiver : de nombreux habitants d’Oulu pratiquent le vélo quotidiennement, et pas seulement pour se rendre au travail ou à l’école ;
- Les conditions météorologiques rendent la pratique du vélo dangereuse : avec des infrastructures adaptées et un entretien régulier des pistes cyclables, il est possible de circuler en toute sécurité même sur des routes enneigées ou verglacées.
Au-delà des chiffres, ces exemples démontrent que le vélo d’hiver est non seulement une alternative crédible aux modes de transport plus polluants, mais aussi un moyen de promouvoir une forme de mobilité urbaine durable et conviviale dans un contexte d’urgence climatique.
Le vélo d’hiver en Finlande, un exemple à suivre pour d’autres villes ?
L’exemple d’Oulu en Finlande montre qu’il est tout à fait envisageable de pratiquer le vélo en période hivernale, malgré des conditions météorologiques parfois extrêmes. Les aménagements spécifiques mis en place dans cette ville permettent d’assurer la sécurité et le confort des cyclistes, tout en facilitant leur intégration dans le paysage urbain.
D’autres villes pourraient s’inspirer de cette réussite et encourager le développement du vélo d’hiver au sein de leur population, afin de contribuer à une mobilité plus respectueuse de l’environnement et à la qualité de vie de leurs habitants.
Voici quelques enseignements tirés de l’exemple finlandais :
- poursuivre les investissements dans les infrastructures cyclables, notamment en prévoyant des budgets conséquents pour l’entretien et la sécurisation des installations;
- favoriser la sensibilisation et la formation au vélo en hiver auprès des écoles, des entreprises et du grand public;
- instaurer des mesures incitatives pour encourager les déplacements à vélo (subventions, réductions fiscales, campagnes de promotion).
Ainsi, malgré l’apparente difficulté de concilier vélo et conditions hivernales, il est possible d’envisager la pratique du vélo toute l’année, même dans des contextes climatiques extrêmes.