Découvrez le monde fascinant du vélo à pignon fixe ou "fixie" à travers les yeux de Nils Mangold, un maître en la matière.
Le vélo à pignon fixe, ou fixie, n’est plus l’apanage des coursiers intrépides de New York ou des pistards d’élite. Ces machines à pédaler, simplifiées à l’extrême, trouvent une place croissante dans les rues de nos villes, les parcs et même les compétitions. Elles séduisent par leur design épuré, leur robustesse et une expérience de conduite qui met le cycliste au centre du mouvement.
Qui mieux pour nous initier à ce phénomène que Nils Mangold, un véritable passionné et expert en la matière ? Après une brillante carrière dans le cyclisme sur route, il s’est tourné vers le pignon fixe, trouvant dans ce sport à la fois une compétition intense et un plaisir sans égal. Ancien membre du Team LOOK Crit, il a réussi à se classer en 2022 à la 11ème place sur la Fixed 42 de Berlin, l’équivalent du championnat du monde de pignon fixe.
C’est quoi un vélo à pignon fixe ? Comment ça fonctionne ?
Le principe d’un vélo à pignon fixe est très simple : « C’est 1 cadre, 2 roues, 1 pédalier, avec une roue arrière solidaire du pédalier. Tu pédales en permanence« , explique Nils Mangold. Il n’y a pas de roue libre qui permet de se reposer les jambes pendant la descente, et pas de dérailleur pour faciliter les montées. C’est une expérience de vélo à l’état pur, où chaque coup de pédale compte.
« Le vélo à pignon fixe, c’est un vélo de piste qu’on sort des vélodromes« , ajoute Nils. Toutefois, sur voie publique, il faut adapter les vélos pour un usage quotidien. Cela signifie l’ajout de deux freins, qui sont obligatoires pour la sécurité. Mais à part cela, la mécanique reste la même : simple, robuste et directe.
Pourquoi acheter un pignon fixe et quels sont ses avantages ?
Se lancer dans l’univers du vélo à pignon fixe, c’est opter pour une expérience cycliste unique et authentique. L’un des principaux avantages du fixie réside dans sa simplicité : moins de pièces signifie moins de soucis d’entretien. Cela se traduit également par une plus grande durabilité. « Il n’y a pas de hasard si les coursiers New Yorkais utilisent des vélos à pignon fixe depuis début 2000 car c’est un vélo très simple et facile d’entretien,” souligne Nils.
Un autre avantage non négligeable du fixie est son coût. Les vélos à pignon fixe sont généralement plus abordables que leurs homologues à vitesses multiples, avec des modèles de bonne qualité disponibles entre 300 et 2 000 euros. « Mon vélo, avec lequel j’ai fait 11e au championnat du monde, vaut 2 200 euros. Un bon cadre et une bonne paire de roues, t’as un super comportement,” explique Nils.
Et puis, il y a l’aspect sportif. Pédaler sur un fixie offre un excellent entraînement. « Tu freines avec tes muscles, tu utilises une chaîne musculaire différente, » précise Nils. C’est une façon de se connecter à sa bicyclette d’une manière qu’aucun autre type de vélo ne permet. Et de redécouvrir aussi des muscles insoupçonnés !
Les inconvénients du vélo à pignon fixe
Mais comme toute discipline, le vélo à pignon fixe présente aussi ses défis. « Il faut beaucoup anticiper car tu ne peux pas freiner ou doser ton freinage, » prévient Nils. C’est une technique qui nécessite une grande maîtrise et une excellente conscience de son environnement.
Le choix du braquet – l’association d’un certain pignon avec un certain plateau – est également primordial et peut se révéler complexe. Il faut trouver le bon compromis entre démarrage canon et vitesse de pointe, surtout en ville avec les feux et les grandes lignes droites.
En outre, le vélo à pignon fixe peut être plus exigeant physiquement. « J’aime la sensation de faire chauffer les cuisses, » précise Nils. C’est donc un vélo qui demande un peu plus d’effort physique et une bonne une capacité à gérer l’effort.
Fixie, single speed : quelle différence ?
La différence entre un fixie et un vélo à vitesse unique (single speed) peut sembler minime, mais elle est fondamentale. « Sur un single speed, il y a 1 seule vitesse mais la roue est libre et il faut impérativement des freins, » explique Nils. En revanche, sur un vélo à pignon fixe, la roue arrière est solidaire du pédalier, ce qui signifie que vous ne pouvez pas arrêter de pédaler lorsque le vélo est en mouvement.
Le pignon fixe en compétition
Le vélo à pignon fixe offre une dimension compétitive qui a séduit des cyclistes du monde entier. Discipline non affiliée à l’Union Cycliste Internationale (UCI), il n’y a pas de réglement pour les compétitions. « Il n’y a pas de fédération, chacun peut fixer ses règles, ses formats de course, » explique Nils Mangold qui a découvert la discipline en organisant un critérium sur pignon fixe en 2018 avec son club cycliste de Reichstett.
L’absence de règlement offre au moins deux avantages selon le champion. « Il n’y a pas de catégorie dans les compétitions. C’est donc très mélangé et très ouvert entre les participants. Ça va du pro à celui qui fait son premier critérium,” apprécie-t-il. Par ailleurs, le règlement UCI impose un poids minimum de 6,8 kg pour les vélos en compétition. Pas de règlement donc pas de limite de poids en pignon fixe. “Le vélo que j’utilisais avec le Team Look faisait moins de 6 kg. Le cadre est plus rigide, les pédalier plus lourd mais il y a moins de matériel, » indique notre spécialiste.
Mais attention, la compétition en fixie est un sport exigeant et précis. « Quand t’as pris ta trajectoire, tu ne peux plus rien faire. Tu as moins le droit à l’erreur, surtout en compétition, » prévient Nils. Bref, c’est un peu comme en moto, c’est le regard qui donne la trajectoire.
Le Fixie au quotidien
Et si la compétition n’est pas votre tasse de thé, le fixie se prête aussi parfaitement à un usage quotidien. Son entretien minimal, sa simplicité d’utilisation et son côté ludique en font le compagnon idéal des trajets urbains. Reste à maîtriser le freinage et à bien choisir son braquet. Pas de vitesse à passer certes, mais il faut trouver le bon compromis pour démarrer facilement au feu et prendre de la vitesse sur piste cyclable.
Comment freiner avec un fixie ?
Freiner avec un fixie peut sembler contre-intuitif, mais c’est une technique qui se maîtrise avec le temps. Ici, on sollicite les muscles pour résister à la rotation des pédales. Le freinage peut être difficile à doser au début mais avec un peu d’entraînement, on apprend surtout à anticiper sa vitesse et les situations dangereuses.
Acheter un vélo à pignon fixe, quel fixie choisir ?
Si vous souhaitez faire l’acquisition d’un vélo à pignon fixe, Nils recommande plusieurs marques. « Les grandes marques de vélo comme Look ou Specialized proposent des dérivés de leurs modèles avec pignon fixe« . Mais si vous préférez un vélo plus personnalisé, Nils conseille de se tourner vers des artisans comme « Colossi, un soudeur italien, capable de te faire un kit cadre alu à 600 ou 700 euros ». Il existe aussi des petits fabricants comme Pelizzoli et Cinelli en Italie ou Bombtrack en Allemagne qui font d’excellents vélos avec un bon rapport qualité-prix.
Comment faire un fixie ou transformer un vélo en pignon fixe ?
La transformation d’un vélo traditionnel en fixie est un projet relativement accessible pour les amateurs de bricolage. « C’est facile et courant sur vieux cadre des années 80, » précise Nils. Il faut toutefois garder à l’esprit que tous les vélos ne sont pas adaptés à une telle transformation et qu’il vaut quand même mieux avoir quelques compétences en mécanique de vélo.
Voici quelques étapes et conseils à suivre pour transformer votre vieux vélo en fixie :
- Le pédalier : Tout commence par le cœur de votre vélo : le pédalier. L’objectif est de n’avoir qu’un seul plateau, donc choisissez un pédalier modulable pour faciliter le processus. Il vous suffit ensuite d’enlever le dérailleur.
- La roue arrière : C’est ici que les choses se compliquent un peu. Il faudra choisir la bonne roue à pignon fixe et vous assurer de pouvoir l’installer sur votre cadre.
- Fixie ou single speed ? Chaque option a ses avantages, mais pour les débutants, le single speed peut être un bon point de départ car il permet d’arrêter de pédaler.
- Le ratio du pédalier et de la vitesse : Maintenant, il faut choisir le nombre de dents sur le pédalier et sur le pignon. Ce choix dépend de votre pratique : un ratio entre 2,6 et 3 est recommandé pour un usage routier.
- La chaîne : La chaîne est une partie importante de votre fixie. Elle doit résister à une plus grande tension. Vous pouvez également opter pour une chaîne avec des demi-maillons pour un meilleur ajustement de la roue arrière.
- Les freins La législation française exige deux systèmes de freinage sur un vélo : un à l’avant et un à l’arrière. Bien que certains puristes du fixie choisissent de rouler sans, il est fortement recommandé d’en avoir au moins un pour des raisons de sécurité.
Et voilà, nous avons fait un tour d’horizon complet du monde fascinant des vélos à pignon fixe. Qu’il s’agisse d’un moyen de transport urbain stylé, d’un outil de compétition ou simplement d’un nouveau défi à relever, le fixie offre une expérience de cyclisme unique et stimulante.
En adoptant un fixie, vous embrasserez non seulement une manière différente de faire du vélo, mais aussi une communauté passionnée et dynamique. Que vous choisissiez d’acheter un vélo prêt à l’emploi ou de transformer votre vieux vélo en une machine à pignon fixe, vous êtes sur le point de changer à jamais votre pratique du cyclisme.
- C’est quoi un vélo à pignon fixe ? Comment ça fonctionne ?
- Pourquoi acheter un pignon fixe et quels sont ses avantages ?
- Les inconvénients du vélo à pignon fixe
- Fixie, single speed : quelle différence ?
- Le pignon fixe en compétition
- Le Fixie au quotidien
- Comment freiner avec un fixie ?
- Acheter un vélo à pignon fixe, quel fixie choisir ?
- Comment faire un fixie ou transformer un vélo en pignon fixe ?