Le vélo se développe en banlieue, non sans difficultés

Un cycliste traversant une autoroute à vélo
Vous pensez que le vélo est réservé aux centres-villes ? Détrompez-vous ! En périphérie, il trace sa voie, mais pas sans embûches. Découvrez comment il conquiert ces territoires et les défis qui l'attendent.
La France à la traîne à vélo
Alors que le vélo gagne en popularité dans l’Hexagone, la France reste à la traîne sur la scène européenne en matière de mobilité cyclable. Selon Charles Maguin, gérant de Solcy, un cabinet de conseil en politiques cyclables cité par l’AFP, “la France figurait même en 25e position des pays de l’Union européenne en 2019 en part de déplacements à vélo.” Ce constat est d’autant plus frappant que la majorité des pays européens se déplacent davantage à vélo que nous.
La France possède l’un des réseaux routiers les plus longs et les plus denses d’Europe. Cependant, seulement “environ 3% des kilomètres de voirie” sont aménagés pour les cyclistes, selon la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). Ce faible pourcentage illustre le manque d’investissement dans les infrastructures cyclables, en particulier en périphérie des villes.
Si la pratique du vélo a connu “une incroyable accélération depuis deux ans,” comme le souligne la FUB, cette croissance n’est pas uniforme sur tout le territoire. Les communes de banlieue obtiennent parmi les plus mauvaises notes en matière de cyclabilité et sont souvent “dominées par le système automobile,” d’après l’article de l’AFP.
Plan Vélo : un coup de pédale pour la banlieue ?
Le gouvernement français a récemment mis les bouchées doubles pour encourager la pratique du vélo, notamment en périphérie des villes. Avec un plan vélo doté de 2 milliards d’euros lancé en mai, l’ambition est claire : faire du vélo une alternative crédible à la voiture. Comme le souligne l’AFP dans un article publié sur L’Express, “le gouvernement n’a jamais mis autant de moyens pour faire de la pratique cyclable une alternative crédible à la voiture, ce qui passe notamment par la construction de pistes sécurisées.”
L’objectif principal de ce plan est de développer des infrastructures cyclables sécurisées et efficaces. Il s’agit de créer des pistes cyclables, d’améliorer les existantes et de mettre en place des mesures de sécurité pour les cyclistes. Le plan vise également à encourager l’utilisation du vélo pour les déplacements quotidiens, en particulier pour les trajets domicile-travail.
Plusieurs projets ont déjà vu le jour grâce à ce financement. Des pistes cyclables ont été construites ou rénovées dans plusieurs villes et communes, y compris en périphérie. Des mesures ont également été prises pour faciliter le stationnement des vélos et pour sensibiliser les automobilistes au partage de la route.
Les particularités du vélo en banlieue
En banlieue, les cyclistes sont souvent confrontés à des coupures urbaines qui rendent les trajets dangereux. Ces obstacles peuvent prendre la forme de voies rapides à traverser, de zones industrielles peu accueillantes, ou encore de quartiers mal desservis par les pistes cyclables.
L’absence d’infrastructures en périphérie n’est pas seulement un problème de mobilité, mais aussi un enjeu social. Les habitants des banlieues, souvent moins bien desservis par les transports en commun, pourraient grandement bénéficier d’une meilleure accessibilité au vélo.
Malgré un tableau général plutôt sombre, certaines communes de banlieue prennent des initiatives pour améliorer la situation. Des associations locales de cyclistes aux petits projets municipaux, ces efforts montrent que le changement est possible, même à petite échelle.
L’exemple de Strasbourg : un modèle à suivre ?
Strasbourg se démarque par son investissement massif dans le cyclisme urbain. Avec un budget de 100 millions d’euros pour la construction de 100 km de pistes cyclables d’ici à 2026, la ville est un exemple à suivre. “C’est une question d’équité territoriale,” assure la présidente centriste de l’eurométropole, Pia Imbs, citée par l’AFP.
D’autres villes comme Rennes, Lyon et Grenoble ont également mis en place des projets de réseaux express vélo. Ces voies rapides pour cyclistes sont conçues pour faciliter les déplacements sur de longues distances, y compris en périphérie.
Les défis de la mise en œuvre
Le coût des infrastructures cyclables peut varier considérablement. Par exemple, le franchissement de rivières ou la construction de tunnels peuvent faire grimper la facture. Chrystelle Beurrier, présidente de l’association Vélo&Territoires, mentionne avoir investi “3 millions d’euros pour 2,5 km de pistes,” selon l’AFP.
La mise en œuvre de pistes cyclables peut également se heurter à des obstacles politiques. Certains maires sont réticents à l’idée de sacrifier des voies de circulation ou des places de stationnement pour les cyclistes. “Dans la ville A, le maire est très partant… mais dans la ville B, le maire ne veut pas que ça embête les automobilistes,” illustre Charles Maguin de Solcy, cité par l’AFP.
Cependant, l’élan est donné. Les initiatives locales, le soutien croissant des citoyens et les bénéfices environnementaux et sociaux du vélo sont des signaux forts en faveur d’un changement de paradigme. Comme le souligne Thibault Quéré, membre de la FUB, cité par l’AFP, les aménagements cyclables sont “surtout le signe d’une volonté politique et d’une dynamique citoyenne locales.”
Il est donc temps de capitaliser sur cette dynamique pour faire du vélo une option de mobilité viable et attrayante en périphérie, pour le bien de tous.