Marché du vélo : pour la croissance, il va falloir encore attendre
L'étude récente d'un cabinet de conseil allemand ne se montre pas optimiste pour le marché, qu'elle ne voit pas rebondir avant 2026.
Les nuages ne semblent pas vouloir quitter le paysage du marché du vélo, morose depuis 2023. C’est ce que révèlent les résultats d’une étude du cabinet de conseil allemand Roland Berger, et qui ont été relayées outre-Rhin.
Alors que des signes encourageants de reprises étaient notés en Allemagne et aux Pays-Bas au premier semestre 2024, il semblerait que cette perspective, attendue pour 2025, doive attendre une année supplémentaire.
Des stocks en quantités importantes
Que faut-il retenir de cette étude, qui se base sur une quarantaine de noms du secteur essentiellement situés dans les pays germanophones ? Que les chiffres de vente de vélos neufs en Europe resteront nettement en dessous des meilleures valeurs de la période coronavirus au cours des deux prochaines années. Pour rappel, les ventes avaient explosé en 2021, avec plus de 22 millions d’unités vendues au niveau européen.
Ce qui coince ? Avec le retour aux transports en commun, l’industrie du vélo s’est retrouvée face à des stocks importants et à une pression pour baisser les prix, alors que les consommateurs devenaient plus prudents face aux hausses généralisées.
La guerre des prix fait toujours rage
Cette baisse de demande a entraîné des défis financiers pour de nombreux fabricants, les obligeant à réajuster leurs prévisions et à réduire les coûts. Par ailleurs, la compétition accrue dans l’industrie du vélo a ajouté une pression sur les marges bénéficiaires, rendant le secteur plus compétitif et incertain.
Selon l’auteur principal de l’étude, Michael Heller, la guerre des prix durera encore au moins 18 mois. Une guerre profitable au consommateur pour le moment.
Les VAE tirent le secteur
Pour se réadapter, le secteur compte les vélos électriques, dont la popularité continue de croître grâce à leur caractère écologique et leur potentiel pour un usage urbain.
Certains se concentrent également sur la durabilité et sur des modèles de vélos plus spécialisés, misant sur des niches de marché pour relancer la croissance. La réduction des coûts et l’optimisation des chaînes d’approvisionnement sont aussi devenues des priorités pour rester compétitifs et éviter à l’avenir des stocks excédentaires.
Quoi qu’il en soit, le cabinet ayant mené cette étude recommande aux constructeurs de mieux structurer leur catalogue en réduisant le nombre de lancements à l’année.
Le mauvais présage Shimano ?
S’il est un exemple allant dans le sens de cette étude, c’est bien celui de la célèbre marque Shimano. Le chiffre d’affaires du fabricant japonais, qui a également souffert en 2023 de la baisse des ventes de composants après le boom pandémique, est toujours dans le rouge au troisième trimestre. Pour toute l’année 2024, c’est une chute de 21% au niveau européen qui est attendue, et de 5% au niveau mondial.
Shimano précise que « Sur le marché européen, les ventes de vélos montés restent faibles dues aux mauvaises conditions météo de ce début de printemps et les stocks qui restent à un niveau élevé ».
Une raison d’espérer dans ce marasme ? En France, le marché a certes reculé de -9 % en 2023 par rapport à 2022, mais il reste cependant 70 % supérieur à celui de l’année 2019.