À Lille, les vélos interdits dans le centre-ville

Dans cyclistes dans une ruelle pavée du centre-ville de Lille
La mairie de Lille vient de publier un arrêté obligeant cyclistes, conducteurs de trottinettes et usagers de skateboards à poser pied à terre dans les rues piétonnes du centre-ville.
Cette décision, qui concerne des artères piétonnes commerçantes ainsi que la Grand’Place, est en vigueur entre 11 h et 22 h pendant toute la semaine et est étendue aux rues du Vieux-Lille le samedi entre 11 h et 19 h.
Pourquoi interdire le vélo dans le centre-ville ?
La municipalité justifie cette mesure par la nécessité d’assurer une sécurité accrue pour les piétons dans ces zones très fréquentées. “On avait vraiment un afflux de vélos trop important” dans ces rues, indique Pierre Posmyk, l’élu en charge des mobilités actives à la mairie.
“Depuis des mois et des mois, on recevait des plaintes. Des gens qui disaient ‘Moi, j’ai peur’ ; d’autres qui disaient ‘Je me suis fait bousculer par un vélo’.” indiquait Jacques Richir, adjoint en charge de l’espace public, au micro de BFM Grand Lille.
La limitation des déplacements à vélo, trottinette et skateboard semble être une solution pour limiter les incidents entre les différents usagers de l’espace public.
Une opposition forte des élus écologistes
Cependant, cette décision a été vivement critiquée par les élus écologistes, qui considèrent qu’elle tend « à défavoriser un mode de transport pourtant vertueux », « sous couvert de réguler des pratiques abusives ».
Selon eux, cet arrêté ne va pas dans le sens d’une mobilité durable et encourage au contraire l’utilisation de transports polluants, pointant particulièrement du doigt “les plages horaires et le périmètre très étendu du samedi“.
Les conséquences pour les habitants et les commerces
L’application de cet arrêté affecte également les commerces du centre-ville, qui bénéficient généralement d’une clientèle sédentaire se déplaçant à vélo ou en trottinette. De nombreux commerçants redoutent ainsi une baisse de fréquentation et donc de chiffre d’affaires.
Du côté des cyclistes, on retrouve plusieurs écoles : ceux qui vont contourner la zone et ceux qui poseront pied à terre. “Je pense que je passerai dans des rues classiques et plus dans la zone piétonne. Je changerai d’itinéraire” indique l’un d’eux à BFM. Pour le second cas, les élus écologistes ironisent : “Louer un vélo pour marcher à côté, c’est le nouveau concept du service !“.
Il y a également ceux qui passeront outre l’interdiction. Que risquent-ils ? Dans un premier temps, pas grand chose. La police misera en effet d’abord sur la prévention. Une fois la signalisation bien installée, les contraventions commenceront à tomber : de 35 euros à 135 euros.
Un possible frein au développement du vélo ?
Si l’interdiction de circulation du vélo dans le centre-ville de Lille attire l’attention aujourd’hui, elle cache une autre réalité : les difficultés de la ville à encourager le développement de ce mode de transport. La part du vélo dans les déplacements reste en effet encore modeste dans la métropole lilloise, avec seulement 1,5 % de part modale en 2021.
C’est loin, de l’objectif des 10 % que la MEL ambitionnait pour 2020 dans son plan de déplacement urbain de 2011. A titre de comparaison, la part modale du vélo s’élève à 17% dans d’autres grandes villes françaises comme Strasbourg ou Grenoble.
L’arrêté pris par la mairie de Lille concernant les restrictions imposées aux cyclistes et autres usagers dans le centre-ville soulève donc de nombreuses questions. Si l’on peut comprendre la volonté de garantir la sécurité des piétons, bannir le vélo du centre-ville n’est pas la solution.
Il convient plutôt de trouver des solutions adaptées aux différents usages de l’espace public, notamment en termes de prévention et d’aménagements qui encouragent une mobilité durable et respectueuse de l’environnement, tout en préservant l’économie locale. Le débat doit donc se poursuivre pour aboutir à un compromis satisfaisant pour tous les acteurs concernés.